Chaque année, c’est le même rituel. Les premières tiges de rhubarbe apparaissent sur les étals, fragiles et acidulées, et aussitôt, une envie irrépressible de tarte s’installe. Ce n’est pas seulement une question de saisonnalité, c’est un signal. Un avant-goût du printemps, une promesse de jours plus doux où l’acidité franche de la rhubarbe vient réveiller les papilles encore engourdies par l’hiver.
Mais cette fois, pas question de se contenter d’une compote ou d’un crumble jeté à la va-vite. Cette tarte, il fallait qu’elle en impose. Qu’elle capte la lumière avant même qu’on y plante la fourchette. D’où ce tressage de rhubarbe, presque hypnotisant, où chaque lanière s’entrelace pour former un damier délicat, translucide, légèrement nacré. Une finition qui demande du soin, un peu de patience, mais qui transforme un simple dessert en un objet de fascination.
Et ce n’est pas qu’une question d’esthétique. Sous cette parure rosée, on trouve une superposition nette et précise : une base sablée, friable juste ce qu’il faut, une crème de pistache onctueuse qui vient arrondir l’acidité du fruit, et enfin la rhubarbe, fondante mais toujours vibrante. Un équilibre où chaque élément trouve sa place, où l’acidité pique sans brusquer, où la douceur enveloppe sans écraser.
Le résultat ? Une tarte qui joue sur tous les tableaux : la texture, le visuel, le goût. Un dessert qui fait honneur à la rhubarbe précoce et qui célèbre son retour comme il se doit. Parce que cette saison, plutôt que de simplement cuisiner la rhubarbe, on la tresse, on la sculpte, on la met en scène. Et surtout, on la savoure.