Quand il fait trop chaud pour cuisiner
Quand il fait très chaud, il y a deux types de personnes : celles qui continuent de cuisiner comme si de rien n’était, et celles qui regardent leur gazinière comme on regarderait une cheminée allumée en plein mois d’août. Moi, j’ai choisi mon camp. Ce n’est pas que je renonce à bien manger — c’est juste que je préfère ne pas fondre en route. Et parfois, la meilleure façon de cuisiner, c’est de ne presque pas le faire.
C’est dans ces moments-là que les Japonais nous donnent une leçon d’élégance. Là-bas, quand l’air devient moite et que le moindre bol de ramen tourne à l’épreuve de sueur, on sort les soba froides. Servies dans un bouillon rafraîchi, parfois accompagnées d’un glaçon, elles deviennent le plat idéal : simple, rapide, digeste et surtout, profondément rafraîchissant. Ce n’est pas une astuce, c’est une institution.
La version que je propose ici est une adaptation très libre, mais qui garde l’esprit : un plat qui fait du bien. L’idée, c’est de râper un concombre, de récupérer son eau, et de l’assaisonner comme un bouillon léger et parfumé. Cette base fait tout : elle hydrate, elle parfume, elle emporte le plat dans une autre dimension.
Autour de ça, des soba bien rincées à l’eau glacée, et quelques légumes crus pour apporter du croquant et du jus : des lamelles de carottes, des quartiers de tomates cerises, des rondelles de radis, un peu de cébette. Rien de compliqué, mais un équilibre presque parfait. C’est frais, c’est net, ça se mange vite, et on y revient souvent.
On pourrait appeler ça une salade de pâtes froide, mais ce serait injuste. Parce que ça dépasse largement les attentes qu’on a d’une salade de pâtes. Et surtout, parce que ce n’est pas une punition. C’est exactement le genre de plat qui réconcilie l’idée de "manger frais" avec celle de se faire plaisir. Bref : à tester une fois, à refaire tout l’été.